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Pour une éducation libre (ressources éducatives libres)De l’originalité des matériels d'enseignement-apprentissage
Obstacles théoriques et institutionnels à l’originalité
Ouvrir par le haut
Entre apostolat/vocation et idéologie
Critique de l’implicite socio-éducatif
Droit de propriété intellectuelle (droit d’auteur)—écriture libre
Plagiat
Propriété intellectuelle (dans l’enseignement au collège, à l’université)
Les prérequis au libre
Innovation et savoir jetable ou initiative
Quel design ?
Références
Annexe 1 : Figures
Annexe 2 : Activités
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Pour une éducation libre (ressources éducatives libres)
Parmi les grands objectifs poursuivis par l’expérimentation REL 2014 dans
sa livrée multi-institutionnelle, on peut lire « Produire,diffuser et protéger les biens communs numériques » (OIF 2012:14). Alors que la question
de la propriété intellectuelle est devenue un enjeu central dans le monde de
l’éducation, on est rarement porté à en explorer les aspects concrets autres
que d’un point de vue du plagiat étudiant à titre de thème introductif aux droits de propriété intellectuelle alors qu’en
réalité l’obstacle véritable, sur le plan individuel, consiste à surmonter les
freins à l’affirmation de soi, à oser écrire, publier et revendiquer l’authorship
de ses travaux. Les expérimentations CLOM/MOOC
connectivistes depuis 2008 agissent
comme autant d’incitatifs chez celles et ceux qui recherchent une plateforme
pour exposer ou recueillir et échanger des idées, et communiquer textes et
autres productions auprès d’un auditoire possiblement attentif et intéressé à
acquérir ou apprécier/critiquer du matériel et/ou des approches d’apprentissage.
À cause de leur nouveauté et parce que ces expérimentations procèdent d’initiatives
de recherche-action, on tarde à les reconnaître comme des plateformes de
développement professionnel.
Dans le cas présent, la convergence des efforts du CNRC[1],
de l’Université de Moncton (UM) et des commanditaires (OIF, UNESCO) ne suffit pas
à faire la lumière sur les principaux obstacles du libre (matériels et
logiciels, textes et manuels) que sont (i) la didactique traditionnelle dans
ses habits pédagogiques (l’envers de la curiosité et de l’exploration), (ii)
les immuables rigueurs institutionnelles. Les participants sont néanmoins invités
à faire état de toute idée ou procédure susceptible de surmonter les
difficultés d’application du libre qui s’avèrent d’autant plus difficiles à
identifier clairement tant elles sont indirectes ou ancrées dans des façons de
faire établies de longue date.
De
l’originalité des matériels d'enseignement-apprentissagePour une éducation libre (ressources éducatives libres)
Parmi les grands objectifs poursuivis par l’expérimentation REL 2014 dans sa livrée multi-institutionnelle, on peut lire « Produire,diffuser et protéger les biens communs numériques » (OIF 2012:14). Alors que la question de la propriété intellectuelle est devenue un enjeu central dans le monde de l’éducation, on est rarement porté à en explorer les aspects concrets autres que d’un point de vue du plagiat étudiant à titre de thème introductif aux droits de propriété intellectuelle alors qu’en réalité l’obstacle véritable, sur le plan individuel, consiste à surmonter les freins à l’affirmation de soi, à oser écrire, publier et revendiquer l’authorship de ses travaux. Les expérimentations CLOM/MOOC connectivistes depuis 2008 agissent comme autant d’incitatifs chez celles et ceux qui recherchent une plateforme pour exposer ou recueillir et échanger des idées, et communiquer textes et autres productions auprès d’un auditoire possiblement attentif et intéressé à acquérir ou apprécier/critiquer du matériel et/ou des approches d’apprentissage. À cause de leur nouveauté et parce que ces expérimentations procèdent d’initiatives de recherche-action, on tarde à les reconnaître comme des plateformes de développement professionnel.
Une controverse n’a pas levé à propos de la
réutilisation des matériels d’enseignement par d’autres que leurs auteurs, dans
d’autres établissements et d’autres contextes ; on parle ici des matériels
d’enseignement-apprentissage qui ne sont pas les titres officiels recommandés
par les institutions mais qui s’avèrent conformes aux directives des ministères
nationaux. Une controverse n’est plus nécessaire car la pratique s’accorde à la
disponibilité, la pratique a largement dépassé la capacité des institutions à
endiguer le phénomène. Tout de même, on s’évertue encore aujourd’hui, d’objets
d’apprentissage en co-construction du savoir et de partage en ressources
libres, à valoriser la pérennité des connaissances. En faisant un retour sur
les origines de la théorie des moyens d’enseignement (théorie issue de l’époque
pas si lointaine de l’audiovisuel précurseur du multimédia), on relève quelques
principes fondamentaux inhérents à la pratique de l’enseignement à propos de
l’originalité des connaissances, des sources, des présentations. Voici quelques
réflexions qui militent en faveur de l’originalité, qui enjoignent les
enseignants à produire des matériels originaux lorsque pertinent et d’en
revendiquer les droits de propriété intellectuelle.
Obstacles théoriques et institutionnels à l’originalité
Le tout premier obstacle aux ressources
éducatives libres tient dans la didactique traditionnelle même. La théorie
anthropologique (universalisante) du didactique (TAD) envisage la diffusion des
savoirs dispensés par les établissements de la maternelle à l’université – dans
toute la société – et Agostinelli (2008:160)[2]
avance qu’en vertu de la transposition didactique, « jamais le savoir savant
n’est présent aux élèves ». D’après Chevallard aussi, ce n’est jamais la
connaissance brute (savante), originale, qui est proposée aux étudiants ;
les connaissances doivent d’abord être « transposées ». À l’origine,
la notion de transposition didactique fut formulée par Michel Verret (1975) et
elle comportait cinq (5) phases qui fusionnent le cognitif, le pédagogique, le
didactique et l’institutionnel : (i) structuration en champs et domaines
de connaissance, incluant les savoirs humains non visés par les
disciplines ; (ii) dépersonnalisation, détachement des personnes
productrices ou utilisatrices de ces savoirs ; (iii) programmation ou
découpage en segments ou unités balisées ; (iv) publicité du savoir,
c’est-à-dire énonciation de l’intention d’instruire, et (v) contrôle de
l’apprentissage. 
Ouvrir par le haut
Vue par la lunette de l’économie urbaine (et
les universités sont encore, conceptuellement, des cités), le copyright — les
droits de propriété intellectuelle — jouent un rôle majeur
qu’il faut comprendre autrement que dans la perspective des auteurs cherchant à
marquer leur temps ou dans celle du plagiat scolaire. « Pour comprendre le rôle que joue la
connaissance dans la croissance, il est nécessaire de rappeler que la
« connaissance » jouit de 2 caractéristiques qui en font un bien aux
vertus uniques. D’une part c’est un « bien non-rival », ce qui
signifie que son usage par l’un ne l’épuise pas et n’empêche pas son
utilisation simultanément par d’autres; mais d’autre part c’est un « bien
excluable ». L’excluabilité n’est pas une caractéristique technique mais
un artifice juridique que le possesseur d’un savoir peut faire intervenir pour
empêcher légalement les autres d’en profiter. La non-rivalité est ainsi
contournée » (Kheladi 2008).
La situation était relativement simple
lorsque le peuple ne savait pas lire et qu’il était possible aux éditeurs, aux
établissements d'enseignement et leurs commanditaires (Église, État) de fermer
ou de protéger des territoires exclusifs. Avec les CLOM|MOOC — ce
mouvement qui s’adresse maintenant à l’enseignement-apprentissage proprement
dit et non plus seulement aux produits de l’enseignement et de la recherche, c’est
l’essence même de la dispensation du savoir aux fins d’apprentissage qui est
appelée à se désenfermer sur des bases idéologiques identiques à celles qui
soutendent l’alphabétisation et la scolarisation depuis les années 1960, mais bien
au-delà cette fois, des instances institutionnelles. 
Entre
apostolat/vocation et idéologie
Il ne faut pas
s'attendre que l'on puisse transformer les conditions de l'enseignement
traditionnel pour y introduire des pratiques éducatives libres et en même temps
réorganiser l'Institution scolaire pour finalement désigner le tout sous
"apprentissage"; il y aurait contresens : Enseigner n'est pas
Apprendre.
Critique de
l’implicite socio-éducatif
Dans une
enquête récemment publiée, il est enfin admis que le « vivre ensemble »
institutionnel à l'école est régulé ou contraint par des « règles
implicites ». Les règles implicites dont il est question dans cette
recherche du REFAD (2014) s’appliqueraient uniquement aux étudiants et non aux
travailleurs et employés des institutions d’enseignement. Ces derniers sont en
effet actifs dans un environnement de travail que l’on désigne bien légèrement
sous « milieu de vie », peut-être pour faire oublier que toutes les
relations entre l’établissement et ses employés sont étroitement régies par des
conventions de travail de temps à autre négociées et révisées – celles-là
nullement implicites.
Droit de
propriété intellectuelle (droit d’auteur)—écriture libre
Quel que soit le sens ou la portée que l’on
voudra donner à l’expression éducation
libre (mais surtout apprentissage
libre – avec ou sans l’ambiguïté inhérente au couple
enseignement-apprentissage), on en revient invariablement à la question des ressources libres. Et pourtant, il y en
a des ressources libres et disponibles, mais on a tendance à vouloir n’en
examiner que les aspects institutionnels, commerciaux ou sociaux sans trop se
soucier des implications individuelles, chez les auteurs. 
Plagiat
On a évoqué plus haut la question du plagiat
et du droit d’auteur étudiant, et on a suggéré que le plagiat n’est pas une
bonne introduction à la propriété intellectuelle chez les étudiants, quel que
soit l’ordre d’enseignement fréquenté. La question du plagiat devrait être
abordée tôt à l’école et gérée sur le mode de l’apprentissage et d’appliquer,
avant toute chose l’ultime argument éducatif de savoir si ce qui
a été plagié a été appris. Ceci procure aux enseignants une
plateforme pour gérer chaque cas dans le cadre de sa responsabilité première,
l’éducation. Cela ne doit pas écarter les directives institutionnelles en
pareille matière, mais les apprenants ont aussi besoin d’apprendre à gérer tous
les aspects inhérents à l’exercice des choix et des
responsabilités. Cette approche modifiée concernant le plagiat à l’école préparera
les apprenants à s’ouvrir à la propriété intellectuelle (le droit d’auteur) et
les sensibilisera directement ou indirectement à la question des ressources
éducatives libres (outils, mais aussi et surtout contenus). 
Propriété
intellectuelle (dans l’enseignement au collège, à l’université)
La question des outils libres ne se pose pas
vraiment pour les enseignants : ces choix sont généralement effectués par
l’établissement ou l’Institution sans garantie de succès, de sorte que la
véritable question eu égard aux ressources éducatives libres concerne les
contenus. À toute fin utile, il est préférable de s’en remettre aux autorités
pour le choix des médias technologiques pour deux raisons : (i) c’est la
maison qui débourse, et (ii) c’est la maison qui en fait l’entretien et en
assure l’opération (serviceability). Ainsi, notre
étudiante collégiale, télé-universitaire, devenue enseignante, se verra tentée
elle-même de produire du matériel éducatif, d’y apposer son nom et d’en
partager l’usage. Pour faire cela avec confiance et succès, et avant de
s’engager dans toutes les procédures de conformité aux exigences
institutionnelles et didactiques, pédagogiques, et du travail en équipe, elle
doit (i) savoir écrire, (ii) maîtriser la matière, (iii) maîtriser les outils
mis à disposition[6],
(iv) adopter une attitude saine et détachée envers le plagiat qui prenne en
compte l’aspect cognitif et les impératifs institutionnels, et surtout (v) revendiquer
que l’employeur institutionnel permette et reconnaisse cette contribution
d’enseignement devenue matérielle dans l’écrit et qui s’avère entièrement
différente du simple plan de cours. 
Les prérequis
au libre
Ci-après une transcription partielle de la
présentation CLOM REL 2014 qui impose, à titre de question fondamentale, une
perspective exclusivement institutionnelle (et ensuite culturelle|linguistique)
à la préoccupation des ‘ressources éducatives libres’ : « comment les
RÉL d'aujourd'hui parviendront à répondre aux espoirs de l'Unesco et de
l'Organisation internationale de la francophonie et aux attentes des
Gouvernements alors que le modèle des 'objets d'apprentissage' n'a pas su
répondre aux attentes élevées dont il (le modèle) faisait l'objet et ce, malgré
les sommes substantielles investies dans ces entreprises (la recherche et le
développements des 'objets d'apprentissage) » ; et « comment la
Francophonie peut combler le fossé entre [elle-même] et les nombreuses et
vastes banques de ressources du monde anglo-saxon ». 
Innovation et
savoir jetable ou initiative
Eu égard à l’état de la situation des
ressources éducatives libres, on évoque fréquemment la question des licences CC
disponibles depuis une dizaine d’années (Creative Commons) qui renvoie en
partie à la notion de ‘biens communs’. Alors que l’on consacre des efforts au
développement du web sémantique, l’on s’évertue à penser une classification des
objets d’apprentissages par métadonnées au service d’un système universel de
régie des droits de propriété intellectuelle. Ces notions n’ont pas encore
intégré le changement de paradigme éducatif qui porte son attention et ses
recherches du côté de l’apprentissage et du vouloir apprendre, mais on les
propose déjà à titre de moyens pour libérer les ressources éducatives sans
égard à la capacité réelle du corps enseignant. Prenons l’exemple des
ressources muséales à titre de ressource éducative : on sait que les
ressources muséales sont au sommet des préoccupations de conservation sur le
plan culturel. On me dira que l’exemple d’une ressource muséale ne convient pas
vraiment pour illustrer le cas du domaine de l’éducation et je répondrai que le
discours sur les connaissances n’est pas du tout étranger au besoin de
conservation. L’enseignement, et le discours universitaire, sont conçus pour se
déverser dans le grand bassin du savoir. La définition de discours ou d’exposé
universitaire peut se ramener à des « énoncés par des professeurs, dans un
lieu universitaire, en présence vraisemblablement d’universitaires [...] Ce
sont aussi des discours-textes, écrits, voués à la publication [...] à la
diffusion, à durer comme traces, destinés à la reprise commentée »
(Wuillème 2009:326). L’objet d’apprentissage muséal choisi à titre d’exemple
(http://goo.gl/jkMOvi) (figure 2) permet de formuler la question
suivante : s’attend-on vraiment que les enseignants produisent des leçons
comme celle-là. C’est improbable car les enseignants n’en ont jamais le loisir,
sauf peut-être au collège ou à l’université—à condition que les moyens soient
mis à leur disposition. Supposons néanmoins que les attentes ne sont pas si
élevées et que les exigences de production ne requièrent pas que l’on atteigne
pareil niveau de perfection dans le rendu d’une leçon, à quoi devrait ressembler
une Resource Éducative Libre. 
Références 
AGOSTINELLI, S. 2008. Introduction (glossary –
glossaire de didactique). Journal of e-Learning and Knowledge Society, 4(2),
155-162. (PDF à télécharger) 
Figure 1 : Certains apprentissages marginaux sont sujets à "apprentissage en milieu éducatif", à savoir les comportement et cultures non-institutionnels et les relations sociales (REFAD 2014:6).
Figure
2 : Ressource muséale
d’apprentissage.
Annexe
2 : ActivitésFigure 1 : Certains apprentissages marginaux sont sujets à "apprentissage en milieu éducatif", à savoir les comportement et cultures non-institutionnels et les relations sociales (REFAD 2014:6).
Activité 1
Notes
[1]
Stephen Downes, chercheur principal du groupe des Technologies pour
l’apprentissage et la collaboration, Conseil national de recherches du Canada.
Facilitateurs: Guillaume Durand, Hélène Fournier, Chantal Bouchard, Abdelbasset
Bacherki et Robert Grégoire. 
Notes
[1] Stephen Downes, chercheur principal du groupe des Technologies pour l’apprentissage et la collaboration, Conseil national de recherches du Canada. Facilitateurs: Guillaume Durand, Hélène Fournier, Chantal Bouchard, Abdelbasset Bacherki et Robert Grégoire.
[1] Stephen Downes, chercheur principal du groupe des Technologies pour l’apprentissage et la collaboration, Conseil national de recherches du Canada. Facilitateurs: Guillaume Durand, Hélène Fournier, Chantal Bouchard, Abdelbasset Bacherki et Robert Grégoire.
[2] La synthèse des théories
classiques (européennes) de l’enseignement paraissait en 2008 alors que le
premier CLOM/MOOC était lancé et expérimenté à l’Université du Manitoba par
Siemens, Downes et Cormier. 
[3] FOAD : formation ouverte
et à distance (en ligne), au collège et à l’université. 
[4] Humaniste aujourd’hui, mais à
l’époque de Ratke et Komensky, les débats étaient franchement
politico-religieux (Limiti 1999). 
[5] Compétences au sens proposé par Gilbert Paquette
2002 : formation en milieu de travail, formation professionnelle et
programmes scolaires. 
[6] [traduction] L’avenir de
l’apprentissage en ligne repose sur le professeur-concepteur habilité (empowered)
qui possède le contrôle requis pour acheminer des baladodiffusions aux
étudiants ou pour mettre sur pied un wiki s’il ou elle croit que cela peut
favoriser l’apprentissage ; sur l’étudiant engagé qui a le pouvoir
d’apporter dans l’environnement d’apprentissage des ressources trouvées sur
Internet, de produire un vidéo ou un fichier audio pour faire entendre sa voix
auprès de la communauté ; et sur le technospécialiste de l’apprentissage … (Kop
2010). 
[7]
À propos d’auto-apprentissage et d’autonomie,
voir le plaidoyer d’un participant au CLOM REL 2014 qui voit le système
classique d’enseignement comme un royaume du béhaviorisme, pour ne pas dire du
conditionnement : « Nous assimilions des schémas, sans chercher
forcément à leur accorder du sens, et nous courions après des notes comme des
petits caniches après des friandises carnées. Avec le recul, je trouve cette
image accablante. Et vous l’avez compris, la dépendance affective vis-à-vis de
la rétribution était la seule chose qui nous maintenait. » http://goo.gl/gpU3aU 
