(travaux notés)
Introduction
On a évoqué, dans la page de ‘mise en contexte‘, la notion de plan de travail étudiant à titre de caractéristique de la FOAD[1], à savoir la possibilité de déterminer le contenu de son plan de travail et/ou des références utilisées à cette fin. Cette caractéristique s’avère également un trait particulier du design de ce type de cours : le professeur doit vouloir qu’il en soit ainsi, bien que le concepteur puisse par ailleurs exiger que le plan de travail et les références fassent l’objet d’une approbation préalable (ou non).
Si ce raisonnement est accepté, il appert que la notion de contenus ouverts intéresse deux aspects du design d’un cours en mode FOAD : (i) les contenus à l’offre du cours sont ouverts, et ceux-ci peuvent être minimalistes, et (ii) le ou les thèmes , le ou les points de vue, le ou les formats de même que les styles de travaux soumis sont ouverts, plus ou moins ou totalement.
Le cours #oped12 Opennes in education diffusé sous forme de MOOC à partir du cours de deuxième cycle ”MDDE 622: Openness in Education” (http://goo.gl/9Ye1c) d’Athabasca University est ci-après analysé dans la perspective du plan de travail étudiant et ce plan de travail étudiant est retenu à titre de modèle de design pour le type de cours examiné (FOAD connectiviste, ou MOOC). En d’autres mots, on examine ici de manière critique le design d’un projet de cours du point de vue de l’étudiant, ou du point de vue du volet apprentissage (du couple “enseignement-apprentissage”).
[1] La première vertu de la FOAD universitaire consiste à admettre dans les cours et les programme une clientèle universitaire régulière ; la FOAD procure également l’accès à l’université aux personnes qui retournent aux études ou qui poursuivent des études à leur rythme et convenance. La FOAD permet aux université de remplir une mission d’accessibilité au savoir et d’ouverture à tous.
Travaux notés
Le plan de travail étudiant — dans lequel on intercale les travaux notés — s’étale sur douze (12) semaines dans sept (7) modules comme suit :
- Module 1 — Définir la FOAD (semaines 1 et 2)
- Module 2 — Licences de diffusion et protection des contenus (semaines 3 et 4) [remise du travail noté #1]
- Module 3 — Modèles de développement des ressources libres (open resources) (semaines 5 et 6)
- Module 4 — La recherche de ressources libres (semaines 7 et 8) [remise du travail noté #2]
- Module 5 — Ressources d’érudition (semaines 9 et 10)
- Module 6 — FOAD et changements systémiques (semaine 11) [remise du travail noté #3]
- Module 7 — Tendances et perspectives (semaine 12) [remise du travail noté #4]
Nature des travaux à produire
Les travaux dits notés, que l’on désigne ainsi par convention parce que cela s’applique essentiellement aux étudiants inscrits d’Athabasca University, sont détaillés dans le menu hebdomadaire (chaque semaine) et non dans le plan du cours.
Travail noté #1 : Licences de diffusion
Les lectures proposées et l’écoute d’enregistrements vidéographiques (au total cinq éléments sur le thème du module 2 : licences de diffusion) offrent une bonne base pour comprendre les différentes modalités de gestion des droits d’auteur et elles visent à aider les concepteurs aux processus décisionnels qui accompagnent les choix à faire lorsque l’on élabore des unités d’apprentissage ayant recours aux ressources libres. On demande aux étudiants de noter et de rapporter leurs réactions et leurs opinions sur le matériel d’apprentissage proposé à la lecture sur le thème des droits d’utilisation et en particulier sur l’affirmation selon laquelle le droit d’auteur s’avère un facteur inhibiteur des nouvelles formes d’expression et de l’innovation : on demande aux étudiants d’exprimer dans un texte, leur accord/désaccord à cet égard.
Travail noté #2 : Recherche de ressources libres
Utilisation des outils de recherche en ligne pour trouver et identifier les ressources libres et pertinentes aux fins de meubler un cours universitaire ou collégial en ligne.
Travail noté #3 : FOAD et changements systémiques
Élaboration d’une UA (unité d.apprentissage) peuplée de ressources libres et pertinentes.
Travail noté #4 : Tendances et perspectives d’avenir et changements systémiques (semaine 12) Élaboration d’une carte conceptuelle sur le thème du cours.
Lectures
Les éléments de lecture ne sont pas intégrés au plan de cours : il faut en prendre connaissance dans le menu de chaque semaine. À la vérification, on compte pas moins de 67 références à lire ou à visionner, et bien sûr tout le matériel est accessible en ligne. Dans l’ensemble, le matériel de lecture compte pas moins de 380 000 mots (ce qui représente 950 pages de texte à raison de 400 mots par page en Times New Roman de 12 points à simple interligne). Mais le seul volume de lecture ne saurait constituer un obstacle dans la mesure où l’on peut certainement fouiller les textes à la recherche de mots et d’expressions signifiantes. On peut en lire quelques-uns de manière plus soutenue, selon ses intérêts. Surtout, comme on le verra dans la section suivante portant sur les activités du cours, on peut mettre en commun les impressions laissées par ces lectures et la recherche textuelle.
Figure 1 : Analyse statistique du corpus, des contenus de lecture du projet de cours MOOC—Openness in education (#12oped).
Il n’est pas moins intéressant de connaître les mots-clés qui se dégagent de ce substantiel corpus d’étude. Ce sont apprentissage (learning), libre/ouvert, contenus, http pour signifier en ligne, éducatif, et personnes mais aussi réseaux, savoir, innovation (new), ressources, systèmes et « social ».
Outre ces douze mots ou notions sur lesquelles les auteurs insistent particulièrement, on pourrait avancer que cette insistance porte ombrage à d’autres concepts plus proches de l’enseignement-apprentissage. Le tableau suivant rapporte les concepts qui sont supplantés par la FOAD connectiviste (ou massive à la manière MOOC). On examine ci-après les quelque 55 mots dont la fréquence est inférieure à 900 occurrences et supérieure à 200 occurrences (incluant singulier-pluriel, même racine, et première lettre en minuscule ou majuscule).
[E]ducation 837 — course[s] 738 — community[ies] 722 — work 598 — information 591 —example 523 — world 453 — access 448 — OER 441 —institutions 430 — software 422 — students 413 — model 407 — need 403 — services 398 — development 395 — University 361 —tools 352 — teachers[ing] 606 — theory 331 — process 329 — practice[s] 587 — support 315 — project[s] 549 — change 289 — research 281 — complex[ity] 518 — data 259 — individual 250 — environment 250 — set 249 — ways 249 — digital 249 — technology 246 — approach 246 — users 246 — provide 243 — material 242 — create 238 — models 228 — free 228 — Demos 228 — sharing 228 — society 225 — learners 224 — public 223 — personal 220 — years 219 — think 218 — experience 218 — Retrieved 216 — group 215 — study 212 — developing 207 — role 203 — activities 201 |
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Cette forme de lecture analytique, réalisée dans ce cas-ci au moyen du logiciel TextSTAT par Matthias Hüning (Université libre de Berlin), sert également à identifier des expressions associées aux thèmes recherchés. À titre d’exemple, en recherchant l’expression « MOOC », l’on apprend qu’il y a treize (13) occurrences seulement, dont onze (11) appartiennent à des adresses sur le web. Ce cours sur la FOAD ne porte pas principalement sur la théorie connectiviste ou sur la FOAD elle-même : le projet de cours insiste plus sur les ressources libres disponibles pour diffusion dans le monde de la FOAD. Les termes directement associés à la notion de « ressources libres » sont les suivants (dans le graphe et le tableau ci-haut) : open, content, http, ressources, communautés, monde, accès, OER (open educational resources), etc. Qui dit ressources libres évoque implicitement des ressources accessibles et gratuites. La notion de gratuité est évoquées sous diverses formes à 524 reprises, incluant « la création et l’utilisation de matériels et d’activités d’apprentissage », ou http://fr.wikiversity.org/wiki/Accueil en français (et dans une dizaine d’autres langues). Cette initiative reçoit le soutien de l’Unesco et le cours #12oped Openness in Education s’inscrit dans cette mouvance.
Pour faire bonne mesure et révéler la différence entre la formation à distance et les théories accompagnatrices de l’éducation traditionnelle en classe, on propose une analyse similaire à ce qui précède, mais appliquée aux discours sur la TAD (théorie anthropologique du didactique—Chevallard, Sensevy, Brousseau et d’autres encore), incluant L’étude à la maison : un système didactique auxiliaire par Christine Félix. Pour prendre connaissance de cette TAD, on lira avec profit l’Esquisse d’une théorie formelle du didactique par Yves Chevallard. Des textes totalisant plus de 315 000 mots (650 pages) ont été rassemblés et soumis à l’analyse des occurrences comme ci-haut.
Figure 2 : Analyse statistique d’un corpus de 315 000 mots (650 pages) traitant de la TAD (théorie anthropologique du didactique)
À la comparaison de ces deux discours universitaires, on constate certaines constantes entre travail et work, entre savoir et knowledge, mais aussi une rupture entre didactique/enseignement et learning, de même qu’un glissement très net entre professeur et resources/open content, etc. On pourra dire au moins que l’éducation serait en voie de renouvellement malgré un certain apesantissement sur la notion d’« innovation » (cette notion s’accompagne des concepts d’entrepreneuriat, de leadership, de démocratisation, d’ingénierie, de processus organisationnels, d’innovation technomédiatique, améliorative, institutionnelle, …). Il sera question d’innovation institutionnelle plus loin dans la section portant sur la propriété intellectuelle.
Participation (autres activités)
Les lectures et les travaux notés ne sont pas les seules activités auxquelles sont invétés les participants, il y a aussi les activités participatives, à commencer par l’élaboration d’un blogue ou wiki pour témoigner de ces efforts et pour donner à lire ses travaux et commentaires aux autres participants. Plus spécifiquement, les activités participatives suggérées se présentent comme suit, et ce sont elles qui constituent le carburant—l’aspect éducatif, humain—du connectivisme (la partie technique sera examinée dans la section suivante : Habiletés requises).
Dès l’ouverture du cours à la semaine 1 de 12, on demande aux participants de planifier une contribution par semaine à partager avec le groupe ; ce sera n’importe quel type d’artéfact affiché sur le blogue (ou sur Twitter) : un texte, une réflexion créative, une carte conceptuelle, une image (tableau, figure). Ces contributions concerneront évidemment le matériel à lire ; elles seront le reflet de ce qui préoccupe le participant, de ses questionnements, et de la vision du participant sur les avancées du libre (code source, textes libres de droits de diffusion, etc.) dans le monde de l’éducation.
Pour leur part, les concepteur/acteurs du cours (un trio composé d’un professeur, un idéateur et un opérateur tous trois capables de naviguer dans les trois champs) se coordonnent pour rassembler et publier une lettre d’information quotidienne sur le site du cours (également diffusées auprès de tous les participants). À la semaine 2 de 12, on suggère aux participants de commencer à élaborer leur carte conceptuelle (qui fait l’objet du travail noté #4 de clôture), de partager en ligne le processus d’élaboration et les motifs au soutien de l’approche retenue à cette fin ne serait-ce que pour recevoir éventuellement les commentaires d’autrui à cet égard. En tout état de cause, il est recommandé d’engager des discussions ou de participer aux discussions qui engagent la matière et les thèmes du cours.
À compter de la semaine 3 de 12, le visionnement d’enregistrements vidéographiques s’ajoute aux lectures. Dans les directives de la semaine 3, on recommande de réaliser les cartes conceptuelles au moyen des logiciels VUE (Visual Understanding Environment) ou CMAP. Par ailleurs, à compter de la semaine 4 de 12, les participants sont invités à assister à des séminaires en ligne, dont celui du vendredi de la semaine 4 où les facilitateurs traiteront des grandes théories éventuellement applicables. On demande aux participants de faire état des attributs de ces théories et de noter comment celles-ci informent ou soutiennent l’apprentissage et l’interaction sociale : en particulier, les participants sont invités à souligner les idées propres au connectivisme à cet égard. Ou alors, si l’on ne convient pas des particularités du connectivisme, identifier comment les théories éducatives courantes préconisent l’apprentissage dans les environnements sociaux, dans les environnement en réseau et dans les environnements technologiquement intégrés (mixtes, multi-utilisateurs, dérivés—technologically-embedded). Ainsi, aux semaines 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12 de 12, les participants sont conviés à deux (2) séminaires en ligne, les mercredis et vendredis.
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